top of page
l_mademoiselle-ogin-02.jpg

MADEMOISELLE OGIN : UNE RESTAURATION HAUTE EN COULEUR

27 janvier 2022

Le 16 février 2022, six films de Kinuyo Tanaka, datant de 1950, voient enfin le jour dans les salles françaises dans de toutes nouvelles versions restaurées.

« En admettant que je réalise un film, permettez-moi d’être impertinente, je suis certaine que le personnage principal sera une femme ».

Arborant l’image d’une actrice engagée et téméraire, c’est en 1953 que Kinuyo Tanaka devient l’une des premières femmes réalisatrices japonaises. Elle se démarque en offrant à ses six films des portraits différents de femmes complexes.

C’est avec son adapatation filmique de Mademoiselle Ogin du roman de Toko Kon, que la réalisatrice s’illustre en 1962 en apportant une toute nouvelle vision de la femme noyée sous le patriarcat et les manigances des puissants, dans un Japon encore marqué par le poids des traditions. Mademoiselle Ogin (interprétée par Ineko Arima), fille d’un maître du thé au XVIe siècle, tombe amoureuse d’un samouraï chrétien nommé Ukon Takayama (Tatsuya Nakadai). Préférant se consacrer à sa religion, il refuse les avances d’Ogin qui se marie avec un autre homme pour protéger sa famille, même si elle n’éprouve pas de sentiments. Trois ans plus tard, Ukon retourne la voir en lui expliquant qu’il l’a toujours aimée. En parallèle, le puissant Hideyoshi Toyotomi impose son pouvoir au Japon et persécute de plus en plus les chrétiens. Même s’il s’agit d’un mélodrame, et que par conséquent le récit se termine mal, Kinuyo Tanaka parvient avec brio à dresser une histoire d’amour intense et singulière.


La réalisatrice renoue avec les coutumes de son pays et fait porter aux acteurs des kimonos aux couleurs étincelantes au sein de décors majestueux. Dans cette représentation du Japon traditionnel, Kinuyo Tanaka met en scène des femmes fortes. Mademoiselle Ogin est un personnage précurseur de son époque puisque ses actions sont dictées selon son cœur. Résistant aux pressions des hommes, elle scande une ôde à l’amour et à son désir de liberté.

La splendeur des plans séquences intensifie les discussions entre les deux protagonistes pour mettre en avant la complexité de leur relation. Ogin étincelle puisqu’elle ne se retient pas de parler librement de ce qu’elle ressent. Ukon semble lui aussi se démarquer des mœurs de son époque notamment par son image sensible et chaste. L’intensité du film est exacerbée par les musiques traditionnelles en fond sonore qui portent les personnages. Surtout lorsque trahis et traqués, les deux amants vivent les quelques moments qu’ils passent ensemble en ayant pour idée principale la quête de liberté. Accablés, ils choisissent leur destin avec puissance et majestuosité.


Margot Bonnéry

Mademoiselle Ogin de Kinuyo Tanaka102 minutes, Japon

Read More
5664355.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

©2022 par Margot Bonnéry

bottom of page